Compenser les déficits

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Compenser les déficits renvoie à deux sortes de stratégies.
La première consiste à organiser un environnement adapté aux besoins du jeune (par exemple, en facilitant son besoin de bouger et en structurant sa « désorganisation naturelle »).
La deuxième consiste à prévoir les difficultés en étant proactif et en agissant avant que celles-ci ne surviennent.
En somme, « compenser les déficits » signifie offrir au jeune des conditions extérieures et un encadrement qui facilitent sa réussite malgré ses déficits.

Mettre en place des structures

L’orientation naturelle du jeune atteint de TDAH ne l’incline ni à l’organisation, ni à l’anticipation, ni à la planification.
Vous l’aiderez à compenser les symptômes de son trouble en mettant en place des structures externes qui compenseront son manque de structures internes.
Cela peut être via l’établissement de règles et de limites, de plannings, de tableaux, d’horaires précis, de routines de travail, l’aménagement de sa chambre…

Apprenez-lui à terminer ce qu’il commence. C’est ainsi qu’il s’habituera à maintenir son attention.
Ne cédez pas à la tentation de lui mâcher la besogne. C’est en comprenant le sens de l’effort qu’il deviendra peu à peu fier de ses réussites.

Gérer l’environnement

Une chambre et un bureau rangés limiteront les sources de distractions au moment de se mettre au travail et aideront le jeune à trouver ses affaires plus rapidement.
Si votre adolescent rencontre des difficultés à mettre en place un rangement initial, n’hésitez pas à l’y aider.
Si les distracteurs restent trop nombreux (fenêtre par laquelle il ne peut s’empêcher de regarder, bruit dans la rue, va-et-vient incessants dans le couloir…), proposez-lui de faire systématiquement son travail scolaire dans une autre pièce de la maison (votre bureau, votre chambre…).

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Routines quotidiennes

Les routines quotidiennes permettent de gérer le temps et de limiter les oublis. Elles sont efficaces, quel que soit l’âge. Elles concernent les différents moments de la journée : le lever, le retour de l’école, le travail scolaire, le coucher, ou des situations bien précises comme : toujours remettre les objets directement à leur place, mettre systématiquement le linge sale dans le panier à linge, ranger le matériel scolaire dans le sac après utilisation…
Pour les intégrer, on peut passer par une check-list écrite ou des post-it, affichés par exemple sur le bureau, la porte de la chambre ou de la salle de bains.

Compenser les oublis

Le jeune atteint de TDAH prête difficilement attention aux tâches routinières de la vie quotidienne. Il oublie ses corvées ménagères, ses rendez-vous, son matériel scolaire… Ses pensées sont chaotiques. En lui apprenant à être méthodique, à faire les choses immédiatement, à utiliser un agenda, un planning et des check-lists, vous l’aiderez à compenser sa tendance aux oublis. Il gagnera ainsi peu à peu en indépendance.

N’attendez pas de lui qu’il soit capable d’imaginer, créer et utiliser de lui-même ces outils, qui vous paraissent sûrement élémentaires. Souvent peu conscient de ses déficits, il aura dans un premier temps, besoin de votre aide pour les mettre en place.

Montrez-lui comment dresser des listes de choses à faire et comment mettre en place des routines de vérification de ces listes.

Apprenez-lui à réfléchir à voix haute. Cela lui permettra d’organiser ses pensées.
Par exemple : Qu’est-ce que je dois faire ? De quel matériel ai-je besoin pour le faire ? Comment vais-je le faire ? Quelles sont les différentes étapes ? Etc.

Faire face à la procrastination

La procrastination est l’habitude de remettre une tâche à plus tard. C’est lorsque ce mode de fonctionnement devient systématique que l’on rencontre un réel problème. Voici quelques pistes pour aider le jeune à y faire face.

La tâche l’ennuie (exercice de maths, vider le lave-vaisselle, tondre la pelouse, ranger sa chambre…) : aidez-le à trouver un moyen plus agréable de le faire (faire ses maths avec une copine, mettre la radio dans la cuisine, écouter de la musique via ses écouteurs) ou un moyen plus facile (système de rangement intelligent), voire ludique.

Il se sent débordé (exposé à faire, nouvelle tâche mal maîtrisée) : montrez-lui comment partager un gros travail en petites étapes simples, par quoi commencer, comment fixer des priorités…

 

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Il fait de la résistance passive, s’invente des excuses : mettez en place des règles claires, comme un horaire précis pour ses devoirs ou un planning détaillé pour une opération de plus longue haleine.

Il a peur de l’inconnu, de décevoir, d’être jugé, critiqué ou puni, de l’échec ou de la réussite : offrez-lui votre soutien, des preuves qu’il peut y arriver, pardonnez-lui ses erreurs.

Il est perfectionniste, attend le bon moment, la bonne inspiration : faites-lui confiance, admettez la possibilité d’une erreur ou d’une imperfection ; certaines choses méritent d’être faites parfaitement, mais elles sont rares.

Il est désordonné, la tâche lui paraît énorme car il doit d’abord chercher son matériel : apprenez-lui à ranger régulièrement ses affaires, aidez-le à mettre en place un système de rangement efficace qui lui facilitera la tâche.

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Maîtriser l’impulsivité

Le jeune atteint de TDAH anticipe moins que ses pairs les conséquences de ses actes.
Il n’a pas la capacité de réfléchir avant d’agir. C’est seulement après coup qu’il constate que ce qu’il a fait était déplacé. Hélas, c’est souvent trop tard.

Son impulsivité découle de son incapacité à inhiber les stimuli internes. C’est ce manque d’inhibition qui fait qu’il rencontre des difficultés à retarder ses désirs et à choisir le comportement (moteur, émotionnel ou attentionnel) approprié pour faire face à une situation particulière de manière adéquate. Comprendre ce principe vous permettra d’intervenir plus efficacement.

Apprenez-lui à réfléchir avant d’agir. Il prendra ainsi l’habitude d’appréhender les conséquences de ses actes, de ses choix, de ses paroles. L’idée est de développer une sorte de concentration automatique avant chaque action. Cela demandera un long entraînement et une application constante. Vous l’aiderez en encourageant ses efforts, quels qu’en soient les résultats.

 

Suggérez-lui de passer par ces différentes étapes lorsqu’il se trouve confronté à une difficulté :

  • Quel est mon problème ?
  • Quelles sont les solutions qui me permettent de résoudre mon problème ?
  • Parmi ces solutions, laquelle est la plus adaptée à la situation ?
  • Je mets en œuvre la solution.
  • J’analyse le résultat. Cette solution a-t-elle convenu ?

 

Inculquez-lui des techniques de contrôle mental, comme le bon vieux conseil de « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler » ou de se dire « stop ! » dans sa tête pour réfléchir avant d’agir.

Mettez en place le temps d’arrêt. Il permet aux esprits de s’apaiser, aux fonctions exécutives de reprendre le contrôle mais également d’éviter une réaction en chaîne néfaste à la relation. Grâce au temps d’arrêt, l’échange qui suit est plus productif. Le fameux « Va réfléchir dans ta chambre ! » a donc du bon sens.

Apprenez au jeune à décrire ses émotions et sensations. Cela l’aidera à mieux les verbaliser et ainsi à moins passer à l’acte.

L’impulsivité est diminuée par une activité physique régulière et par la pratique de techniques de relaxation. Identifiez avec lui des exercices de relaxation et des moyens de détente qui l’aident à se calmer comme des exercices de respiration, se retirer dans un endroit calme, faire quelque chose de tranquille (feuilleter un magazine, écouter de la musique, etc.), se reposer sur son lit, manger une collation ou boire une boisson chaude, prendre un bain, parler avec sa mère ou son père ou discuter avec un ami au téléphone, caresser son chien ou son chat, se faire masser le cou ou le dos, s’étirer ou bailler, etc.

Les thérapies cognitivo-comportementales ainsi que la psychoéducation ont démontré leur efficacité dans la gestion de l’impulsivité et des éclats de colère.

Compenser l’agitation

Pour aider le jeune à faire face à son agitation physique ou interne :

Autorisez-le à bouger (par exemple en balançant ses jambes, en marchant pour étudier, en l’utilisant comme facteur…), en comprenant qu’il s’agit souvent d’un mode de stimulation de l’éveil cérébral, d’une lutte pour rester vigilant, et non d’un désintérêt pour l’activité en cours.

Procurez-lui une balle ou un objet antistress. Cela lui permettra d’occuper ses mains sans faire de bruit.

Incitez-le à se dépenser physiquement avant une activité calme.

Proposez-lui des activités parascolaires valorisantes qui lui permettent de s’épanouir tout en dépensant son surplus d’énergie, comme le sport, la danse, le scoutisme, etc.

Donnez-lui des responsabilités qui lui offrent la possibilité de bouger, comme faire une course, passer l’aspirateur, ramasser les feuilles, tondre le gazon, promener le chien, etc.

Si l’adolescent semble perpétuellement stressé, consultez son calendrier d’activités. S’il vous paraît trop chargé, proposez-lui d’abandonner certaines activités optionnelles.

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